Tous les dimanches après-midis, de 14h30 à 15h30, je regarde une émission sur Canal Algérie, intitulée « Avis Religieux ». Comme son nom l'indique, elle traite de questions concernant
l'Islam. Les deux présentateurs sont deux théologiens très éclairés et brillants, l'un des deux est par ailleurs docteur en médecine, ce qui lui permet d'ajouter à ses commentaires le point de
vue médical et scientifique. Les deux répondent aux questionnement des musulmans à travers le monde, ces derniers les contactent par téléphone, par courrier ou par mail. Les deux théologiens leur
répondent en direct, essentiellement en français, parce qu'ils visent le public issu de l'immigration et les convertis francophones.
Je trouve cette émission extrêmement intéressante, pour deux raisons. La première, les réponses qui sont données nous permettent d'apprendre certaines choses qu'on ignorait plus ou moins. La
deuxième, les questions qui sont posées nous éclairent sur l' « état religieux » de notre communauté. Et sur ce point, on fait de bien tristes découvertes ! Que de choses à
dire là-dessus !
On découvre les deux extrêmes, cela va de ceux qui ignorent presque tout de leur religion à ceux qui poussent le détail jusqu'au ridicule. Ainsi, un jour un homme a appelé pour demander si tuer
un homme était « halal » (ce qui signifie licite, autorisé par la religion) ! Les deux présentateurs sont restés cloués dans leurs fauteuils ! Ils n'en croyaient pas leurs
oreilles et moi non plus. Ils ont fini par lui répondre que tuer un être humain était interdit par toutes les religions, et à plus forte raison par l'Islam. Rappelons une parole du saint
Coran : « Sauver un homme revient à sauver l'humanité entière, et tuer un innocent revient à tuer l'humanité entière » ! Quand on entend de telles questions, on ne peut que se
demander comment cet homme a été élevé, pour être si ignorant de sa religion.
L'autre catégorie de ceux qui témoignent dans cette émission, c'est ceux qui vont chercher les plus petits détails : peut-on manger du yaourt ou je ne sais quoi parce qu'il paraîtrait qu'il
y a de la gélatine, une femme peut-elle s'épiler les sourcils... Personne n'a encore demandé si on pouvait tuer un moustique qui vient sans arrêt vous piquer, mais ça viendra ! Quand on
entend ces gens, on se dit : « Quelle chance ils ont, ce sont des gens presque parfaits, ils ont réussi à tout appliquer de notre religion, et il ne leur manque que ces petits
détails ! »
Le malheur c'est que la réalité est toute autre. Il est fort probable que ces mêmes personnes qui s'interrogent sur des détails futiles oublient l'essentiel. Cet homme qui s'inquiète du contenu
de son yaourt, va peut-être refuser d'aider son voisin dans le besoin. Cette femme préoccupée par ses sourcils va peut-être passer son temps à médire de ses voisines et leur souhaiter, derrière
un sourire hypocrite, tout le mal du monde ! Si les mosquées n'étaient pleines que de bons musulmans, comment se fait-il qu'il y a tant de laisser-aller et de mauvais comportements chez nos
frères ? Il y là un sacré décalage ! Je dis souvent, et je pense qu'on est très nombreux à le penser, qu'on a la meilleure religion et malheureusement la pire des communauté. Il
faudrait oublier tous ces petits détails pour revenir à l'essentiel, revenir à l'esprit de notre religion, à ce qui fait sa grandeur, et qui est indispensable pour notre propre grandeur.
Être musulman ne réside pas simplement dans le port d'une barbe ou d'un foulard, ni dans le fait de se bousculer à la mosquée, quitte à prier sur le trottoir, puis aller ensuite s'adonner à des
comportements plus ou moins blâmables. Être musulman c'est avant tout un état d'âme et d'esprit. C'est d'abord avoir un cœur plein de bonté et de générosité, envers toute la création de Dieu.
C'est se respecter, ce qui signifie être droit et honnête dans tous les domaines, et respecter les autres et tout son environnement. C'est se rappeler et obéir aux commandements de Dieu, pas
seulement cinq fois par jour au moment de la prière, mais à tout moment de la journée. Ce n'est pas l'habit ou la gestuelle qui fait le musulman, c'est son comportement intérieur et extérieur,
ses intentions et ses actions.
Rappelons que Dieu nous a conseillé de marcher sur terre humblement, pour nous rappeler que l'on est maître de rien ici-bas, et que par conséquent nul n'a de raison de se montrer prétentieux,
mais aussi pour ne pas faire de mal inutilement à la multitude de créatures minuscules qui vivent à ras le sol. Si on ne doit pas écraser volontairement une fourmi parce qu'elle vit et qu'elle
est la création de Dieu, que penser de ceux et celles qui n'ont aucun respect pour rien, et qui ne trouvent plaisir que dans la destruction ! Cela va du simple fait de casser ou détériorer
un bien qui ne vous appartient pas à celui d'agresser ou tuer un autre être humain.
Bien entendu nul homme n'est parfait. Même avec les meilleures intentions du monde, on commet tous des erreurs. Mais le bon musulman doit sans cesse se remettre en cause, réfléchir à ses points
faibles et faire tout pour les corriger. Pour illustrer ce travail que l'on doit faire sur soi-même, que l'on appelle en arabe le «grand jihad », voici un exemple qui remonte à
l'époque du Prophète, que la paix et la bénédiction soit sur lui. Alors qu'il était à la mosquée avec ses compagnons, il annonça à ces derniers qu'ils verraient bientôt entrer dans la mosquée un
homme, qui était destiné au Paradis. Quelques moments plus tard, un homme entra effectivement. Le P rophète leur annonça la même prédiction plusieurs jours de suite et le même homme vint à chaque
fois. Les compagnons étaient très intrigués. Qu'avait cet homme de particulier, pour mériter le Paradis ?
L'un des compagnons décida de le suivre plusieurs jours pour en savoir plus. En fait, c'était un honnête homme ordinaire, qui vaquait à ses tâches quotidiennes comme tout le monde. Il finit par
l'aborder et lui parler de la prédiction du Prophète. Il lui demanda ce qu'il faisait de particulier pour mériter une telle promesse. L'homme lui répondit alors que chaque nuit, avant de dormir,
il faisait le bilan de toutes ses actions de la journée et se demandait s'il n'avait commis aucun mal. S'il se rendait compte qu'il avait commis telle ou telle erreur, il mettait tout en œuvre le
lendemain pour la réparer et ne plus la refaire.
Voila le devoir du musulman. Il doit tout faire pour avoir un comportement droit et exemplaire. Si nous intégrions cette notion, nous deviendrions en effet une communauté presque parfaite, qui
serait appréciée d'abord par Dieu, mais aussi par tous les hommes. Si tous les musulmans, surtout ceux de l'étranger, parce qu'on doit se montrer encore plus correct quand on n'est pas chez soi,
se comportaient comme de véritables musulmans, nous ne subirions aucune critique de la part des pays qui nous reçoivent. Qui pourrait critiquer des hommes et des femmes qui travaillent, éduquent
leurs enfants en les encourageant à se surpasser dans leurs études, et respectent les lois et institutions du pays dans lequel ils vivent, qu'ils y soient nés ou pas ? Bien au contraire,
notre comportement n'apporterait que le plus grand respect pour notre religion, voire même une adhésion à la hauteur de son mérite. Soyons donc dignes de notre belle religion et nous connaîtrons
des jours meilleurs où que l'on vive. Nous ferons ainsi, peut-être, nous aussi, partie des gens du Paradis, inch'Allah.
N. I.