La fête de l'Aïd Al Adha est une fête religieuse, donc par définition sacrée. Cette sacralisation oblige le musulman à la célébrer par des moyens licites. Malheureusement, ces dernières années nous assistons à une recrudescence de campagnes publicitaires encourageant les gens a emprunter de l'argent pour sacrifier un mouton ! Pour rembourser cet emprunt, les banques leur accordent des délais pouvant aller jusqu'à un an. Autrement dit, le temps nécessaire pour pouvoir contracter un nouveau crédit afin de célébrer l'Aïd de l'année suivante ! Il s'agit là d'usure (d'emprunt avec intérêts), pratique formellement interdite par l'Islam.
Aujourd'hui, bon nombre de Marocains vivent à crédit : crédit pour acheter une maison, crédit pour acheter une voiture, crédit pour passer des vacances ou voyager. Mais le plus grave dans tout cela c'est que cette pratique déborde sur la sphère religieuse : comment pouvez-vous imaginer contracter des crédits pour pouvoir acheter le mouton de l'Aïd, ou pour passer le mois de Ramadan, afin de pouvoir consommer plus que de raison, ce qui, rappelons le, est très éloigné de l'esprit de ce mois sacré ? C'est un mois où la piété et l'abstinence sont de mise, valeurs spirituelles et non matérielles !
Comme vous le savez, bon nombre de pays européens (La Grèce, le Portugal, l'Espagne …) vivent en ce moment une crise sans précédent, et cela à cause des crédits, accompagnés des intérêts, qui sont devenus un fardeau pour les États et pour les populations en même temps. Il y a une décennie on a fait miroiter aux gens l'idée selon laquelle il faut recourir au crédit pour vivre mieux. Mais la réalité a montré que cette solution facile n'engendre, en fin de compte, que misère, chômage, licenciements massifs et précarité. Car un jour ou l'autre il faut payer le prix fort de cette politique.
Maintenant, revenons en au cas des musulmans qui veulent acheter une bête à crédit, pour pouvoir la sacrifier. Dans ce cas de figure, c'est encore pire, car il s'agit de quelque chose de sacré. Le Prophète, que la bénédiction et le salut soient sur lui, a dit : « Ô gens ! Allah est bon et n'accepte que ce qui est bon. Allah a donné aux croyants les mêmes ordres que ceux qu'Il a donnés aux Messagers. Allah l'Exalté a dit : « Ô vous qui avez cru ! Mangez des choses licites et pures que Nous vous avons données ». Puis il évoqua l'exemple de cet homme qui durant son long voyage, les cheveux en broussaille et tout couvert de poussière, tendit les mains vers le ciel en implorant : « Seigneur ! Seigneur ! » « Alors qu'il ne s'est nourri que de choses illicites. Comment donc exaucerait-Il les vœux d'un tel homme ? ». Rapporté par Mouslim.
Pour conclure, un bon musulman ne doit être guidé que par sa foi et sa raison. Il doit accepter et se contenter de vivre selon les moyens qu'Allah lui a accordés. Il ne doit pas recourir à des moyens factices et, qui plus est illicites, pour vivre au dessus de ses moyens, uniquement pour faire comme son voisin, et donner l'illusion, aux autres et à lui-même, qu'il possède plus qu'il n'a réellement. Il devrait savoir que la véritable richesse réside dans la foi et la piété. Sans ces deux véritables richesses, même l'homme le plus riche de la terre n'est en fait qu'un homme misérable, dont la vie n'a aucun sens et aucune valeur.